
en
Île-de-France
Contexte
La Cité Charles Hermite est un îlot de béton situé au Nord-Est de Paris près de la porte d’Aubervilliers, dans une bande urbaine un peu à part, coincée entre le périphérique et le boulevard des Maréchaux. Cette cité composée d’Habitats Bon Marché (HBM, ancêtres des HLM) en briques rouges, abrite une population multiculturelle vieillissante.
Le cadre de vie est extrêmement difficile pour l’ensemble des habitants qui voient leur quartier, en pleine transformation, envahit par le deal, la prostitution et la présence de migrants à la rue. De nombreuses familles, là depuis plusieurs générations, sont nostalgiques de l’esprit village qui marquait autrefois la cité ouvrière…
Nous avons également souhaité enquêter au sein du réseau des résidences autonomies parisiennes pour comprendre ce que vivent celles et ceux qui ne souhaitent pas, ou ne peuvent pas, vieillir chez eux à la Cité Charles Hermite.
Quels liens entretiennent les personnes âgées à leur lieu de vie ? Comment cohabitent-elles avec leurs voisin·e·s ?
Mes enfants, mes ami.e.s proches ont toujours été ici à Charles Hermite. J’avais pensé déménager à la campagne, mais j’ai abandonné l’idée. Et ici, je suis proche de mon mari parti il y a 12 ans. Quand je lui rends visite au cimetière, je lui dis que je vais le rejoindre, mais pas toute suite, hein ! qu’il patiente !
Une habitante de Charles Hermite, 2020
On a complètement changé notre façon d’aborder la médiation culturelle. Avant, on ne pensait qu’au collectif. Avec le Covid, on a développé des choses en individuel et on a dû changer de posture. On s’est mises à "aller-vers". Et cela a permis d’enfin toucher les plus isolés.
Isabelle, médiatrice culturelle pour le réseau des résidences autonomies de la Ville de Paris, 2021
Questionnements
À la Cité Charles Hermite : comment « bien vieillir » dans un cadre de vie dégradé où toutes les générations vivent mal ?
Comment aborder la question du « bien vieillir » alors qu’il semble déjà difficile de « bien vivre » dans ce quartier qui cumule les difficultés ? Nous avons décidé de mettre l’énergie sur les potentiels de cette cité attachante et d’observer tous les réseaux de solidarités et d’entraide déjà à l’œuvre. Le confinement a-t-il joué un rôle d’accélérateur de mobilisation citoyenne et de nouvelles solidarités intergénérationnelles ? Sommes-nous en train de voir émerger de nouveaux acteurs de la veille sociale et de l’aide à l’accès au droit ? Comment transformer les dynamiques naissantes ? Quels sont les ingrédients pour que ça perdure ? Quels rôles doivent prendre les institutions ? Sur quels acteurs et dynamiques existantes pouvons nous nous appuyer pour mener des expérimentations ?
Et où vieillissent celles et ceux qui ne peuvent pas vieillir chez eux ?
Nous sommes allés passer du temps dans les deux résidences autonomie les plus proches de la Cité Charles Hermite. Quels impacts de la crise du Covid sur le fonctionnement de ces institutions ? Les ajustements liés aux contraintes sanitaires ont-ils généré de nouvelles façons de faire intéressantes à documenter et essaimer ?
On s’interroge sur comment faire une veille sociale de qualité. Nous avons beaucoup de mal à toucher les personnes âgées les plus isolées au sein de la Cité Charles Hermite. On a conscience que la priorité de nombreux habitants c’est de trouver un emploi. Du coup, on lancerait bien des expérimentations à partir de vos fiches métiers.
Eric Poupon, chargé de développement local, Paris Habitat, 2021
Temporalité de la recherche-action
